« Quels conseils donneriez-vous à un candidat, avant qu’il ne fasse son choix sur une enseigne plutôt qu’une autre ? » Cette question, Franchise Directe l’a posée aux personnes les plus expérimentées et concernées par la question, les franchiseurs. Près de 70 d’entre eux, présidents, directeurs généraux, directeurs de développement et autres responsables d’enseignes en franchise dans tous les secteurs d’activité existants, partagent leur expertise sur le sujet.
Vous souhaitez vous mettre à votre compte, devenir votre propre patron et avez choisi de devenir franchisé mais vous hésitez encore sur le réseau que vous allez rejoindre ? Les résultats de cette enquête vous aident à y voir clair dans vos critères de sélection et à les hiérarchiser.
1- Vérifier la transparence de la tête de réseau
La première recommandation concerne la transparence du franchiseur : 30% des responsables de réseaux conseillent aux candidats de rencontrer des franchisés et d’avoir la possibilité de poser toutes leurs questions, sans se mettre de barrière. L’adhésion du franchiseur à la Fédération Française de la Franchise peut être un critère à retenir, preuve de sincérité de la tête de réseau. « Il faut appeler les franchisés, ce sont eux qui parlent le mieux de leur réseau » indique David Giraudeau, DG de La Mie Câline.
Pour les jeunes réseaux de franchise en croissance qui n’ont pas encore fait la démarche d’adhérer à la FFF, le constat est identique. Vincent Rieutort, co-dirigeant d’ETIENNE, l’affirme tout net, « la transparence du franchiseur me semble indispensable à vérifier », tout comme Fabien Thomas, fondateur de France Hygiène Ventilation « pour moi, le plus important c’est la transparence ; il ne faut surtout pas hésiter à poser des questions qu’on trouve gênantes, au contraire. Tous les doutes doivent être levés sur ce à quoi on va être confronté et il faut être averti sur toutes les réalités du métier avant de signer ». Le directeur commercial d’AQUILUS Piscines recommande quant à lui d’ « aller au contact de membres du réseau pour voir leur quotidien et visiter la structure de la tête de réseau pour vérifier la cohérence de la marque ». Certains réseaux proposent même un temps d’immersion avant que le futur franchisé ne fasse son choix comme Cuisine Plus, comme l’explique son directeur général, Loïc Patel : « chez nous, tout candidat à la franchise passe une journée au siège et une journée en magasin qui l’aident à savoir si ce sera possible pour lui de travailler dans ce réseau ».
Ces démarches de questionnements et d’accès à toutes les données qui permettent d’analyser le réseau ciblé - comme le rappelle Olivier Colcombet, président du Groupe OptimHome : « il faut en savoir un maximum sur la tête de réseau, qui la dirige, si c’est du sérieux ou non et choisir une enseigne plutôt en croissance. Attention aux marques qui explosent et disparaissent aussi vite » - s’accompagnent d’une solide étude de marché préalable. « Bien évaluer le domaine dans lequel il veut s’investir et les risques associés, avant même les aspects financiers » conseille le directeur de Médical téléServices, Fabrice Fournier. Pour réaliser cette étude de marché, le candidat pourra se faire accompagner par un cabinet de consultants, les services d’une Chambre de Commerce et d’Industrie ou encore par une des associations de conseil aux entrepreneurs qui fleurissent partout en France.
2- Choisir un métier qui répond à vos aspirations
En second lieu, la réussite passe par le choix d’un secteur d’activité dans lequel on se sent bien, avant même d’envisager les critères financiers, pour 20% de nos franchiseurs interrogés. Comme le rappelle Emmanuel Aublet, DG de Subway France, « il faut vraiment aimer et être fier du produit ou du service que l’on va vendre ». Daniel Moquet, fondateur de la franchise « Daniel Moquet signe vos allées » exprime la même idée autrement : « on passe beaucoup de temps à notre travail donc la première question est de se demander si ce métier va vous plaire et si vous serez heureux chaque matin en vous levant à l’idée de l’exercer ». David Giraudeau, DG La Mie Câline confirme « surtout, je recommande de choisir un métier qui plaît au franchisé, avant de se focaliser sur les résultats financiers. On gagne de l’argent si on aime ce que l’on fait ». Ne pas se disperser, retenir le secteur d’activité avec lequel on a le plus d’affinités est un conseil récurrent des franchiseurs qui savent bien l’engagement que nécessite de devenir franchisé.
Pour se confronter aux différentes enseignes, on recommande aux candidats de fréquenter les salons professionnels, que ce soit Franchise Expo Paris ou ses équivalents régionaux. En effet, la plupart des régions intègrent un volet consacré à la franchise avec des exposants franchiseurs dans leurs événements annuels dédiés aux entreprises. Franchise Directe met régulièrement en ligne les dates de ces rendez-vous incontournables pour prendre les premiers contacts et tester ses intuitions. Voici comment Aurélie Lossy, responsable France d’Autosmart International voit les choses : « je conseille au franchisé de bien réfléchir à ce qu’il a envie de faire, à la différence de ce qu’il peut faire, ce n’est pas la même chose ! Créer une entreprise nécessite un autre investissement personnel qu’un emploi salarié et sur plusieurs années. J’invite aussi le candidat à comparer les différents concepts qui l’attirent et à retenir celui dans lequel il se sent plus à l’aise. »
Sur Franchise Directe, une trentaine de secteurs d’activité sont identifiés, pour donner à nos visiteurs une vision complète du marché de la franchise. Certains métiers ne vous sont peut-être pas familiers et en naviguant sur cet onglet, vous avez des chances de découvrir le domaine dans lequel vous pourrez vous épanouir. Comme le dit Thomas Morlier, directeur général de PANO, « après avoir rencontré des franchisés en place, le B.A. BA est de se demander si on est bien fait pour ce métier, si on veut travailler avec des particuliers ou des professionnels, être sédentaire ou pas, manuel ou pas… c’est un choix de vie important qui exige un fort investissement et mieux vaut savoir avant où l’on va ». Eric Patural, franchise manager chez Abithéa, complète ainsi : « le candidat doit absolument vérifier si le concept retenu correspond à sa personnalité : s’il a besoin d’être coaché, il ira vers un grand réseau très cadré où on ne prend pas d’initiative ; s’il a besoin d’autonomie, mieux vaut choisir un réseau qui permet plus les échanges et surtout une forte réactivité de l’enseigne ».
3- Construire un projet de vie familial et professionnel
En troisième position, avec 15% des réponses des franchiseurs, vient la nécessité d’être en accord avec son entourage avant de se lancer. La franchise attire de plus en plus de potentiels entrepreneurs et parmi eux, beaucoup sont des salariés en reconversion. Comme en témoigne l’enquête annuelle de la Fédération Française de la Franchise, 47% des franchisés ont entre 35 et 49 ans, ce qui signifie qu’ils ont eu une autre expérience professionnelle au préalable. Pour ceux qui viennent du monde du salariat, il faudra envisager une adaptation à un tout autre fonctionnement et à un rythme de travail plus soutenu. L’implication du conjoint dans cette aventure en découle donc tout naturellement avec un renforcement de leur nombre dans l’entreprise franchisée relevé par la FFF en 2016. François de Chavagnac, responsable de réseau d’illiCO travaux le confirme : « sur le plan personnel, selon la situation de chacun, il est fondamental d’être en accord avec son entourage. Créer son entreprise est un parcours exigeant, parsemé de doutes, de hauts et de bas, il est donc essentiel pour que ça marche dans le temps que toute la famille aille dans le même sens ». Que l’on rejoigne une grande enseigne ou un réseau de plus petite envergure, l’enjeu est le même comme le confirme Jean-Michel Basset, fondateur d’Ankaa Engineering : « Entrer en franchise est un engagement plus fort que de prendre un CDI dans une entreprise. Faire le choix d’entrer dans le monde entrepreneurial vous engage pour plusieurs années et il faut avoir envie d’y aller chaque matin. Il est donc indispensable de bien analyser la question avant de se lancer ». Propos confirmés par la responsable France de Mon Monde à Moi, Catherine Bouhet ; « avant de se lancer, réfléchissez bien à votre projet professionnel : quels sont vos objectifs et motivation pour vous lancer dans cette activité ? Quelles sont les compétences que vous pourrez exploiter ? Ce mode de travail répond-il à votre situation personnelle et familiale ? »
4- Adhérer aux valeurs de l'enseigne
Avec 11% des réponses analysées, la relation de confiance qui doit s’établir avec le franchiseur et le partage des mêmes valeurs viennent en 4è position. Sur ce point encore, quelles que soient la taille et la renommée du réseau que vous envisagez d’intégrer, il est très important que vous identifiez une franchise avec laquelle vous partagez les valeurs humaines et de s’assurer que le feeling passe avec le franchiseur. « Une véritable relation de confiance doit s’établir entre le franchisé et le franchiseur et l’on sent aux premiers contacts si cela sera le cas ou non » déclare Franck Dussaud, fondateur de PREV’INTER. Jean-Claude Brondeau, co-fondateur de SOS Bricolage est catégorique : « pour moi le choix se fait sur la question des relations humaines : il est nécessaire de bien sentir la relation franchisé/franchiseur pour que cela fonctionne bien ». Chaque franchise a son identité que le franchiseur cherche à préserver, ce que beaucoup d’entre eux qualifient comme « l’ADN » de la marque. Un franchisé qui serait trop éloigné dans sa philosophie de vie et des affaires de cet ADN, mettrait danger l’équilibre voire la renommée de l’enseigne, c’est pourquoi les franchiseurs sont si attentifs à cet aspect. Jean-Guillaume Zaoui, président de MEDIAL aborde la notion d’éthique qui s’applique aussi au monde de l’entreprise : « le candidat se doit de s’assurer qu’il partage les idées qui ont fait naître l’enseigne. Pour moi, un concept éthique est un concept qui ne cherche pas à vivre au détriment de ses franchisés ou à financer sa notoriété sur le dos des franchisés ». Certains franchiseurs vont même plus loin en établissant une comparaison entre l’adhésion à une franchise et le contrat de mariage !
5- Comparer les types d'accompagnements proposés
Juste après la notion des valeurs et de la confiance arrive la qualité des mesures d’accompagnement mises en place par le franchiseur. 10% des réponses portent sur l’assistance qui est proposée en échange des royalties. Cela passe par l’indispensable formation initiale comme le rappelle Emmanuel Deyres, fondateur de VoiciMonBien : « nous avons beaucoup travaillé sur la formation, pour qu’elle soit bien adaptée et que notre savoir-faire puisse se mesurer de l’extérieur et être transmis ». Pour beaucoup d’enseignes, cette qualité d’accompagnement est rendue possible par la création d’uns structure dédiée qui prépare les futurs franchisés comme en témoigne Manuel Bonnet, directeur général de CLIK ROAD : « nous avons formalisé tout un accompagnement transmis par un organisme de formation que nous avons créé ». Franck Ecalard, directeur général de Cuisine Plus résume bien ce critère : « bien faire le tour des options qui s’offrent au candidat, comparer les niveaux d’implication demandés aux franchisés et réciproquement le niveau d’assistance et de service offert par les franchiseurs. Il me semble important de faire le tri et de retenir l’enseigne qui vous accompagne sur le bon sujet. Il ne faut pas se tromper de débat, l’offre produit est assez standardisée et probablement souvent équivalente. La réelle valeur d’un franchiseur réside dans la qualité des services délivrés et le professionnalisme des équipes qui vous accompagneront ».
6- Evaluer ses propres capacités financières et le retour sur investissement
Bien qu’il s’agisse d’une préoccupation importante pour un entrepreneur, la rentabilité n’arrive qu’en 6è position dans le classement des critères de choix d’une franchise pour les franchiseurs, avec une représentation de 6% dans leurs réponses. Le coût de l’installation, le niveau de l’investissement initial sont des éléments fondamentaux de ce facteur rentabilité. Ne pas s’engager à la légère, avoir sérieusement fait le point au préalable sur le montant des fonds dont on dispose pour le démarrage et assurer les premiers mois d’activité peut sembler évident mais ne doit néanmoins pas être sous-estimé. C’est le point de vue de Laurent Nogrette, directeur de la franchise Glastint : « la première chose est de bien vérifier de quel apport on dispose, quitte à chercher un concept dont le montant de l’apport personnel nécessaire au montage du dossier financier est légèrement en-deçà de l’argent disponible afin de disposer d’une réserve ». Pour Christophe Prève, directeur du réseau Abithéa, « après avoir comparé les mesures d’accompagnement mises en place par le réseau, les aspects financiers et le coût de l’installation ne doivent pas être négligés. Dans n’importe quelle activité, il faut savoir que le chiffre d’affaires sera toujours plus important en franchise qu’en indépendant ». Le PDG de SAFTI, Gabriel Pacheco, estime que « même si cela ne doit pas être le premier critère, l’aspect financier a son importance, en particulier les conditions du retour sur investissement ».
7 et 8- Opter pour la sécurité ou être pionnier
Deux critères qui s’opposent arrivent ensuite à égalité dans le classement avec respectivement 5% des réponses des franchiseurs : l’antériorité et la notoriété de la marque versus le caractère pionnier et novateur d’un concept. Le fondateur d’ENVOL, Franck Schillback, conseille de « choisir un métier d’avenir plutôt que de se tourner vers un marché déjà envahi, quelles que soient l’image et la notoriété de certaines enseignes ; certains secteurs sont bouchés. Choisir une activité avec une notion de service importante est un gage de pérennité ». A l’inverse, le responsable du développement France Laforêt Franchise conseille « de se concentrer 3 critères : la notoriété et la longévité de l’enseigne ; les outils et savoir-faire proposés par le franchiseur ; les compétences détenues directement par le franchiseur ». Chacun se fera son propre avis selon sa sensibilité, ses affinités, ses envies, sachant que ces deux critères qui semblent s’opposer se rejoignent dans la nécessité d’offrir un potentiel de développement et d’évolution à ses franchisés.
9 et 10- Avoir l'esprit réseau, voire viser la multi-franchise
Voici les deux derniers critères que les franchiseurs recommandent aux candidats de prendre en compte : avoir l’esprit réseau (2%) et avoir l’ambition d’ouvrir plusieurs points de vente (1%). Le dirigeant d’IZIFUN Vianney Parsy, fort de son expérience antérieure de franchisé, affirme : « il faut aimer travailler dans un esprit de groupe plutôt que seul. Accepter de partager ses bonnes pratiques, son expérience passée, présente et future, c’est aussi ça l’esprit réseau ».